Les sages-femmes luttent contre les causes de la mortalité maternelle et infantile en République démocratique du Congo

Je suis devenue infirmière car ma grand-mère était infirmière, mes sœurs sont infirmières et l’une de mes tantes est infirmière. » a indiqué Neema Kitima, accoucheuse principale à l’hôpital Bahira de la ville de Bukavu en République démocratique du Congo (RDC).

Bien que 80% des naissances en RDC surviennent dans les formations sanitaires avec un personnel formé, les taux de mortalité maternelle et néonatale demeurent parmi les plus importants dans le monde. L’enquête démographique et de santé la plus récente (2013–2014) montre que la mortalité maternelle compte pour 35% des décès pour toutes les femmes entre 15 et 49 ans. La mortalité infantile est estimée à 28 décès pour 1 000 naissances vivantes, ces chiffres sont encore plus importants dans les zones rurales où la mortalité néonatale atteint 31 décès pour 1 000 naissances vivantes.

Les analyses menées par le ministère de la Santé (MSP) ont souligné un nombre important de goulots d’étranglement au niveau de l’offre de service dans de nombreux domaines, comprenant les ruptures de stocks pour les intrants, une organisation de référence fragile pour les mères nécessitant des soins avancés et une insuffisance en ressources humaines compétentes. De plus, les soins obstétricaux essentiels et d’urgence et les soins essentiels et d’urgence au nouveau-né, de faible qualité, furent considérés comme des obstacles majeurs à l’amélioration de la survie de la mère et du nouveau-né.

Infirmière expliquant l’approche Aider les bébés à respirer en utilisant un mannequin. Crédits photo : Sarah Ranney/MSH

Afin d’aider le gouvernement de la RDC à accroître la survie maternelle et infantile, le Projet de Santé Intégré Plus (PROSANIplus), financé par l’USAID a soutenu deux activités essentielles : la mise en œuvre d’approches afin de mieux intégrer les soins de santé maternelle et néonatale et renforcer les systèmes d’information afin d’améliorer la qualité de ces services. PROSANIplus a été mis en œuvre en RDC de juin 2015 à juin 2018 et fut élaboré afin de créer de meilleures conditions pour renforcer la disponibilité et l’utilisation de services, de produits et de pratiques sanitaires, avec un impact fort, pour plus de 31 millions de personnes dans neuf provinces.

Aider les Mères à Survivre et Aider les Bébés à Respirer

En réponse aux différents obstacles constatés par le MSP, le gouvernement a mis en place une formation qui intègre les interventions comprenant la planification familiale, et les soins obstétricaux et néonataux essentiels et d’urgence. Cependant, la complexité de cette formation et l’absence de prestataires pour les formations sanitaires ont rendu difficile la mise à l’échelle.

Afin de résoudre ces difficultés, PROSANIplus a couplé la mise en œuvre de deux approches, Aider les Mères à Survivre (AMS) et Aider les Bébés à Respirer (ABR) comme stratégie innovante afin de prendre en charge l’hémorragie du post-partum et l’asphyxie néonatale, deux causes principales de la mortalité maternelle et néonatale en RDC.

Des prestataires de santé travaillant dans les maternités furent formés sur l’approche AMS. Cette formation comprit la façon de prévenir, détecter et gérer l’hémorragie du post-partum. La formation du personnel pour l’approche ABR comprit le développement des compétences pour les soins néonatals essentiels, l’identification de nouveau-nés avec asphyxie et leur placement en soins intensifs néonatals par ventilation avec ballon Ambu. Des mannequins furent utilisés pour développer ces compétences.

Infirmière utilisant un ballon Ambu sur un mannequin. Crédits photo : Rebecca Weaver/MSH

Neema Kitima reçu cette formation en tant qu’accoucheuse principale à l’hôpital Bahira. Elle indique que grâce à ABR, « désormais, nous avons un plan clair pour réanimer les bébés qui ne respirent pas à la naissance et cela marche. En moyenne, j’utilise des techniques ABR sur deux bébés chaque mois sur environ 70 femmes qui accouchent. L’une des femmes que j’ai pu aider était une mère dont le premier-né ne respirait pas lorsqu’il est né. Nous avons utilisé les trois étapes d’ABR sur lui — aspiration, stimulation et ventilation- avant qu’il ne commence à respirer. C’était très angoissant pour la mère lorsqu’elle a vu que son bébé ne respirait pas mais grâce à notre formation, je savais quoi faire !

Crédits photo : Rebecca Weaver/MSH

Les résultats ont montré que globalement, les formations AMS et ABR ont permis d’améliorer les compétences des prestataires pour les bonnes pratiques de l’accouchement, la gestion active de la troisième période l’accouchement et la réanimation néonatale. Lors des trois années de mise en œuvre, 16 462 nouveau-nés avec asphyxie néonatale furent sauvés en utilisant l’approche ABR avec un taux de réussite de 85%.

Affiche expliquant les approches AMS et ABR. Crédits photo : Sarah Ranney/MSH

Renforcer les systèmes d’information afin d’améliorer la qualité des soins pour les femmes et les nouveau-nés

Les approches AMS et ABR ne sont qu’un aspect du travail de PROSANIplus sur la santé maternelle et néonatale. En soulignant l’importance du renforcement des systèmes d’information afin de soutenir les données de santé, PROSANIplus, le MSP et l’École de Santé Publique de l’Université de Kinshasa ont réalisé une étude pour évaluer la disponibilité, la qualité et l’utilité de certains indicateurs sélectionnés (tableau ci-dessous) pour évaluer la qualité des soins de santé maternelle et néonatale dans les formations sanitaires. L’objectif de cette étude était de comprendre comment les données de santé maternelle et néonatale sont utilisées dans les formations sanitaires et comment aider les formations sanitaires à mieux suivre et améliorer la qualité des soins pour les femmes et les nouveau-nés.

Indicateurs OMS de la qualité des soins sélectionnés pour l’étude

Les résultats de cette étude ont montré quelques incohérences au sujet de la disponibilité des données pour la prise de décisions essentielles. Certaines femmes, par exemple, sont référées sans dossier, arrivant pour accoucher sans carte de consultation prénatale ou sans notes de référence. L’enquête a également fait apparaître d’autres difficultés comme la collecte régulière et la disponibilité des outils de collecte qui font souvent défaut en raison de ruptures de stocks, le nombre de rapports à soumettre, la faible capacité et disponibilité du personnel et l’absence de protocoles d’analyse des données.

Personnel de santé à l’Hôpital du Personnel de Kolwezi (HPK), situé dans la zone de santé de Dilala en RDC. Crédits photo : Eleonora Kinnicutt/MSH

À la suite de ces résultats, le MSP avec le soutien de PROSANIplus a révisé les outils utilisés pour la collecte des données afin d’assurer que les données pertinentes soient disponibles pour la prise de décision à différents niveaux du système. Après révision, ces outils ont été reproduits et fournis à toutes les formations sanitaires. Il a également été convenu que les réunions de suivi devaient se tenir régulièrement afin de promouvoir une plus grande utilisation des données. À travers ces mesures, il était également attendu à ce que la qualité des données s’améliore avec le temps, à la fois grâce à de meilleures compétences en matière de saisie de données et à une utilisation plus régulière.

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